mercredi 23 juillet 2008

Les biais

En matière humaine, et même scientifique, les biais cognitifs sont nombreux, voire quasi-inévitables pour qui n'en a pas conscience... Un biais, pour résumer, constitue un raccourci mental permettant de s'affranchir de toute validation empirique d'une théorie donnée.
Certes, une théorie (y compris au sens scientifique) représente un ensemble de règles cohérentes permettant un certain nombre d'explications à des questions de recherche pure. Néanmoins, la validation d'une théorie ne peut passer que par l'expérimentation empirique... Jusqu'à preuve du contraire, la théorie reste la théorie, et le réel le réel.
L'imagination probable et raisonnable (théorie) doit rester à l'épreuve de la confrontation réelle (empirique). Les choses se compliquent nettement lorsque l'on considère les biais cognitifs, qui pour leur part, sont déjà empiriques.
Il est tout à fait probable d'apporter une preuve tangible d'un phénomène tout à fait irréel grâce à cette notion inconsciente de biais cognitif. Si je veux prouver que 1=2 je vais être capable d'en apporter une preuve formelle car je vais escamoter ce qui écarte mon hypothèse et ne garder que ce qui la confirme. Et boum, je suis en plein dedans... Un biais. Encore une fois, les physiciens ne supporteront pas cette idée de faille de raisonnement (le raisonnement n'est d'aillleurs pas du tout mis en doute), mais le bon sens, ou l'empirisme, manquent... Tout se passe comme si pour prouver sa théorie, le scientifique prend des raccourcis idéologiques de manière à ne tester que les conditions de validité de sa théorie, et à minimiser, ou 'oublier' les autres conditions présupposées par cette même théorie. D'où probablement d'interminables débats plus politiques que scientifiques au sens sctrict. Je ne vise pas du tout les chercheurs mais plutôt leurs gouvernants. Je parle donc moins de recherche pure que de recherche appliquée, la distinction est très importante. Les chercheurs purs (passionnés) au contraire sont de véritables surhommes capables de ne vivre que par et grâce à leurs recherches (leur passion en quelque sorte)... Ce qui pose problème est l'orientation 'politique' donnée à ces recherches. L'un des facteurs aggravants à ce problème est la question de rentabilité économique de la recherche pure ! Un chercheur a besoin de vivre, de survivre, or, pour ce faire, il doit faire des concessions à son donneur d'ordre. En théorie, lui laisser son propre libre-arbitre devrait ouvrir à la découvertes de connaissances nouvelles, si tant-est que ce chercheur soit passionné ou même simplement interressé par son champ d'étude. Je n'ai pas véritablement l'impression qu'il s'agiise là d'une idée dominante ou fondatrice de la recherche scientifique (notamment la médecine et la pharmacologie) telle qu'on la connaît aujourd'hui.

Je n'ai absolument rien contre la théorie proprement-dite, bien au contraire, à condition qu'elle soit validée ou invalidée par l'expérience empirique. La théorie pure n'est que spéculation élaborée, je ne rejoins pas des articles que j'ai pu lire qui tendent à démontrer qu'une théorie est un tout cohérent. Une théorie ne devient un tout cohérent (une loi, une règle) que si et si seulement si l'expérience la valide. L'existence du bozon de higgs est tout aussi probable que sa non existence pour l'instant. Certains chercheurs attendent des expérimentations à venir en matière de physique quantique (collisionneur du CERN, LHC) la validation ou l'invalidation de plusieurs théories scientifiques dont certaines sont concurrentes... La théorie doit être expérimentée, certains chercheurs vont probablement être tentés d'interpréter (par des biais) les expériences en fonction de leur hypothèse fondatrice. Des débats plus passionnels que passionnants sont donc à prévoir :-)
J'ai parcouru rapidement les théories quantiques, supersymétrie, cordes etc... Aujourd'hui, en attendant les résultats expérimentaux du LHCn (entre autres), rien ne permet de valider une théorie ou une autre, et rien ne permet non plus d'en invalider l'une ou l'autre... Toutes restent théoriquement probables, je dirais même à une égale probabilité. Par conséquent, pour l'instant, à cette heure, aucune de ces théories n'est avérée (transposable en loi universelle). Aucune n'est fausse. Agnostisme total en la matière... On ne sait même pas à l'heure qu'il est si les résultats de ces expérimentations (à vrai dire, on ne sait pas non plus si les expériences imaginées pour prouver/invalider ces théories sont pertinentes) vont prouver l'une ou l'autre théorie, aussi vraisemblables soient-elle. Voici un exemple flagrant de biais cognitif : le biais de confirmation. Aussi scientifique se prétend-on, ce biais est une réalité prouvée et étudiée : parmi les hypothèses probables, celle que l'on va privilégier est celle à laquelle nous adhérons le plus de manière subjective. Cela remet en cause l'objectivité prétendue de la science, des sciences, je ne sais pas trop comment libeller l'objet car il diffère de manière fondamentale en fonction du champ étudié.
Science au sens étymologique désigne la connaissance (l'ensemble des connaissances des différents champs d'études). Science au sens moderne désigne une pratique particulière de l'acquisition de cette connaissance, c'est à dire de la méthodologie employée pour l'acquisition de cette connaissance. D'où mon jugement critique quant à la différenciation, la hiérarchisation des sciences en général. Nulle science au sens étymologique, n'a plus de fondement qu'une autre, ni même plus de véracité... Je vois la science comme l'union des savoirs plutôt que le champ des possibles... Que seule l'expérimentation peut valider. Or se pose à ce sujet la question de l'expérimentation. Peut-on expérimenter de la même manière, suivant les mêmes méthodes, des disciplines aussi distinctes que la physique quantique, la sociologie, la psychologie, l'astronomie, etc... Est-il raisonnable de penser qu'une méthode (une méthodologie universelle) existe ? Cela reviendrait à mon sens à accepter l'idée de déterminisme (beurk) et d'universalisme... Il semble raisonnable de penser qu'en matière purement physique, l'étude de la matière, il existe des lois universelles. En matière humaine, existe-il des lois universelles ? Et si oui, comment les démontrer ? Il semble qu'en matière humaine, en psychologie, en médecine, l'efficacité à 100% n'existe pas. Je préfèrerai laisser à chaque champ d'étude et de recherche ses outils propres sans tenter d'uniformisation méthodologique pour des disciplines aussi diverses et variées. L'approche empirique me semble encore une fois de rigueur. Si l'on peut déduire et prouver certaines méthodologies pour un sous-ensemble scientifique (rationaliser, généraliser, simplifier), tant mieux, sinon, cela ne prouve en rien la non scientificité de la discipline, et il faut alors poursuivre les recherches, améliorer la méthodologie, acquérir des connaissances nouvelles en quelque sorte, en évitant, bien entendu, les biais cognitifs inhérents à notre espèce imparfaite !

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