mardi 22 juillet 2008

Compréhension versus explication

Aussi longue que soit l'explication, la compréhension est instantanée. Un 'déclic'. C'est un phénomène cognitif assez mystérieux pour moi qui ne suis ni psychologue, ni philosophe, mais qui ai 'compris' cette idée. La compréhension ne requiert aucun savoir à priori, juste de l'attention. Il m'arrive de comprendre des choses tout en étant par la suite incapable de les expliquer (oralement du moins, même si sur mes CV je mets 'très bonne maîtrise de la communication verbale' ou 'excellent oral communication skills'). Il semble que les zones cérébrales que l'on croyait jusqu'à présent associées au traitement de données perçues (écrites, orales, plus généralement, sensorielles) dissociées des zones de perception soient plus corrélées qu'il n'y parait. Une expérience intéressante sur des patients présentant des lésions au niveau de la zone cérébrale liée au traitement de l'information semble montrer que les choses, comme toujours en matière de neuro-biologie, sont plus compliquées qu'elles n'y paraissent. Ces patients ont une perception normale. L'expérience est simple :
Assis sur une chaise, on leur présente un panneau avec une instruction écrite : Levez vous et sortez de la pièce.
Les chercheurs s'attendaient à ce que les patients ne se lèvent pas puisque la zone cérébrale liée au traitement de l'information est lésée. Les patients ne semblaient pas en mesure de 'comprendre' l'instruction, simplement de la lire.
Or ce ne fut pas le cas. La plupart des patients se levèrent et sortirent de la pièce. Quand on leur demande pourquoi ils sortent de la pièce, c'est là que cela devient drôle : ils fournissent presque tous une 'explication', totalement irrationnelle, mais tout se passe comme si ils se sentent 'obligés' de justifier leurs actes. Les explications fournies sont du type 'j'ai oublié mes clefs, je dois repasser chez moi', donc à priori, rien à voir avec l'instruction lue, pourtant comprise sur l'instant. De là à dire que le besoin de justification est inhérent à la cohésion de l'être... Je ne franchirai pas ce pas ;-) mais je vois dans cette expérience une explication à quelques comportements qui semblent irrationnels. Ainsi comment justifie-t-on de manière rationnelle le racisme ? La logique voudrait que ce comportement soit impossible puisque l'on sait aujourd'hui que la notion de race n'a pas de fondement scientifique. Ceci dit, y compris parmi les personnes qui savent cela, on trouve des personnes racistes. Qui se justifient d'une manière ou une autre en trouvant des arguments pseudo-rationnels.
La justification ou l'explication semblent sortir du champ de la raison pour se loger dans les méandres de la communication verbale, pas forcément la plus rationnelle. La neuro-biologie linguistique est passionnante à ce sujet. Mais ne suffit pas à elle seule à comprendre les mécanismes cognitifs (le terme mécanisme est certainement mal choisi puisque justement, le cerveau humain n'est pas une machine mais un amalgame de matière organique et d'information dont la conservation - mémoire - est encore assez méconnue).

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