samedi 13 septembre 2008

Laïcité positive

Avant de m'emballer sur le sujet, je tiens à préciser que j'ai simplement entendu ce terme, je ne suis pas trop influencé par ce qui se dit dans les médias même si j'en ai déjà entendu trop. Je ne tiens d'ailleurs qu'à parler de l'expression employée, qui est à mon goût très pernicieuse.
Laïcité : La laïcité désigne la séparation du civil et du religieux. Le principe de séparation des pouvoirs politique et administratif de l’État du pouvoir religieux en est une application (source Wikipedia).
Laïcité positive : La laïcité désigne la séparation (positive) du civil et du religieux. Le principe de séparation des pouvoirs politique et administratif de l’État du pouvoir religieux en est une application positive.
Laïcité positive selon les faits : La laïcité désigne le rapprochement (positif) du civil et du religieux. Le principe de rapprochement des pouvoirs politique et administratif de l’État du pouvoir religieux en est une application positive.

Je ne vois absolument pas comment l'adjectif 'positif' désigne l'inverse du nom qu'il qualifie... Ou alors, toutes les dérives sont permises, je peux ainsi appeler un pape un chef ahtée positif. Un communiste est un néolibéral positif, un libéral est socialiste positif... Ah le langage français est utilisé parfois de manière étrange... Que dis-je, positive !!!!

Donc reprenons... Si je veux être logique, la laïcité positive serait l'opposé de la laïcité négative. Or qu'est-ce que la laïcité négative ? L'athéisme ? L'agnotisme ? Ou comment en retournant littéralement un concept en y ajoutant un qualificatif à valeur morale, on pervertit subresptiscement le sens commun. Puisque qu'aux yeux de la république, il existe une laïcité positive, cela sous-entend que les autres laïcités sont négatives... Positif et négatif sont alors des qualificatifs à valeur morale, or il n'existe aucun lien entre laïcité et morale, les concepts sont distincts, mais en introduisant la laïcité positive, tout devient possible. Il ne faudrait pas non plus confondre discrimination positive et laïcité positive... Même si sur le fond il s'agit du même abus de langage. Il paraît clair que la République a utilisé volontairement ce parallèle, sauf que dans le cas présent, laïcité positive n'est pas un oxymore puisque 'laïcité' n'a pas de connotation morale, alors que 'discrimination' se révèle clairement moral.
Nous vivons assurément en France un temps de moralisation de la société, moralisation chrétienne de la société, à l'heure même où les moralisateurs font l'inverse de la morale qu'ils nous prescrivent, mais là je dirai que c'est une constante, un fondement même de la morale (cf Généaologie de la morale, de Nietzche). La morale est un concept que tout pouvoir construit afin d'interdire aux contrepouvoirs en présence ce que lui même se permet. La morale est étroitement liée, dans la société politique, au concept de justice, selon certains auteurs.
Par extrapolation du pseudo-concept de laïcité positive, il faudrait donc condamner les défenseurs de la laïcité entendue comme négative. A l'heure du fichier Edvige, il serait aussi séant de ficher de tels individus, susceptibles de troubler la laïcité positive. Tout se révèle mieux ainsi. Après tout c'est le jeu de la démocratie, un président élu applique le programme pour lequel il a été élu, sauf que, dans le cas présent, le programme en question n'est pas celui qui est appliqué. Ce qui est en train de se passer, c'est que la France devient une Démocratie (?) Chrétienne, en réalité, en pratique. Je m'en fous, je n'ai pas voté pour ça... Mais je ne pense pas que ceux qui ont voté pour aient non plus voté pour ça. Mais il est tellement difficile d'admettre ses erreurs que certains seront prêts à tout pour justifier leur choix. Et alors la démocratie chrétienne déguisée deviendra une véritable valeur morale. Du coup, ce que j'ai pu dire sur l'athéisme militant (nécessaire au fondement de l'athéisme) s'annule. Il nous faudrait, en France, remiliter en faveur de l'athéisme, chose qui n'était plus nécessaire, en France et en France uniquement, depuis la séparation stricte de l'Eglise et de l'Etat. Je contredis en partie un précédent billet qui m'avait été inspiré par un texte assez récent qui postulait que militer pour l'athéisme en France n'était plus nécessaire (chose vraie jusqu'à un certain mois de mai 2007), qu'aujourd'hui, le militantisme athée devait s'exprimer dans des pays comme l'Iran, ou même les Etats-Unis. Je reste de cet avis car l'athéisme en France est à mon avis si ce n'est dominant, tout du moins bien accepté. Maintenant ce qui est remis en question est la laïcité, la morale, et le type de régime politique. Je vous épargne les services publics, l'assurance maladie, le temps de travail, la propriété intellectuelle, les cadeaux fiscaux etc etc etc...
En écrivant les tags de ce billet, je me rends compte de la portée que peut avoir le choix des mots. En mélangeant laïc et positif, on touche à laïcité, à la morale (philosophie), à la société (politique, sociologie). Ce n'est pas du tout anodin, et je pense, ou alors ce serait une grave erreur de communication, que c'est même volontaire.
Voilà mon petit coup de gueule de la soirée... Si pour beaucoup c'est passé comme une lettre à la poste, c'est que la stratégie de communication de l'Etat a fonctionné, sans même que l'on s'en rende compte.
Pour terminer, le président a utilisé, pour expliquer laïcité positive, les termes de laïcité d'ouverture, de dialogue, de tolérance. On peut se préter au même exercice de retournement de sens : laïcité de fermeture, laïcité de non-dialogue, laïcité d'intolérance... Bien loin de la définition de la laïcité stricto-senso.

1 commentaire:

prince2phore a dit…

les grands esprits se rencontrent ou t'as lu mon billet de la veille ?

:)